Braille abrégé

Par Sandrine Boissel, enseignante spécialisée

Une cellule braille a la taille de la pulpe de l’index. Ainsi un simple mot prend une taille bien plus importante qu’en noir. Le braille intégral est donc « encombrant ». De plus une vision d’ensemble en braille est impossible.
Le braille abrégé est donc appris pour remédier à ces deux contraintes de l’intégral. C’est un gain de place et de rapidité de lecture.

Quand apprend-on le braille abrégé ?

On passe au braille abrégé lorsque l’intégral est suffisamment maîtrisé et que les bases d’orthographe et de grammaire commencent à s’installer solidement. Ainsi lorsque les apprentissages premiers se sont faits en braille, cet enseignement débute au cours du cycle 3. En revanche, dans le cas d’une mise au braille tardive, on attend que le jeune ait atteint une bonne maîtrise du braille intégral.

Comment l’apprend-on ?

Le point d’ancrage majeur du braille abrégé est l’orthographe. Ainsi il est pertinent pour certains jeunes de coupler son apprentissage avec la reprise des règles d’orthographe, avec des jeux grammaticaux et parfois même avec la méthode gestuelle BOREL MAISONNY (méthode qui s’adapte aisément à la cécité). La progression jointe à cet article est donc issue de la combinaison d’une progression d’orthographe, de la méthode gestuelle et de la méthode d’abrégé de Jean LE RESTE.

Recyclages et combinaisons

Le braille abrégé est un recyclage de signes et l’ajout de nouveaux.

  • Il existe 49 signes qui représentent un mot court isolé. Mais attention, certains de ces signes employés dans un mot changent de statut et représentent un morphème (groupement de lettres). Ainsi par exemple, le signe 4(256) représente le mot «dès» s’il est isolé, ou bien les groupements «dis» ou «ien» selon sa place dans le mot et selon des règles imposées par la conjugaison.
  • Sept morphèmes en terminaison sont représentés par deux ou trois signes (bilité-logie-tement-vement-ablement-ellement-quement). On serait tenté de faire de même pour d’autres groupes de lettres comme «pement» que l’on trouve fréquemment mais cette abréviation n’existe pas, seul le «ent» s’abrégera.
  • Il existe 47 signes d’«assemblages» qui abrègent des sons ou des groupes de lettres. Leurs significations diffèrent selon leurs positions dans les mots et selon les lettres voisines. Leur emploi répond à des contraintes diverses que l’on pourrait appeler «règles d’or» : respect de la syllabe, éviter les confusions en fin de mot avec des signes de ponctuation, interdiction d’avoir deux fois le même signe consécutif, ou bien encore un mot ne peut pas être constitué de signes uniquement «bas»… etc… Ces signes ne peuvent pas être employés dans un mot si celui-ci a sa propre abréviation. Ainsi au cours de l’apprentissage, l’enseignant doit veiller à signaler à l’élève les mots qu’il apprendra ultérieurement pour éviter qu’il ne les retienne comme une succession erronée d’assemblages.
  • Il existe ensuite 43 locutions courantes qui s’abrègent avec un signe par mot, ces signes sont séparés par le signe italique, un tiret ou une apostrophe.
  • Il existe 214 symboles qui sont des mots représentés par la combinaison de deux signes (deux lettres, deux initiales de syllabes, des assemblages…). Attachées à ces symboles, des règles d’accords sont à retenir. En particulier, dans le passage du masculin au féminin, le dernier signe change. Retenir ces signes semble laborieux, mais en modifiant les listes de la méthode en associant les mots semblables (même signe de début ou de fin par exemple) facilite grandement leur apprentissage. Il existe aussi toute une série d’aides mnémotechniques, certes parfois loufoques, mais efficaces. (document joint à cet article) De plus, à notre époque où le SMS est à la mode, les élèves s’amusent à modifier ce langage avec l’abrégé
  • Enfin, il y a la longue liste de 185 mots qui autorisent des dérivations (420). Ces dernières sont basées sur des terminaisons (ance-ence-udeif-age-al-el-ment-aine,ine-que-aire-ère-euse-té-ive-aux, eux-ation-eurion-able-ain, in) Ces terminaisons ne sont utilisables que pour les mots de cette liste. Pour cette liste, une fois encore, regrouper les mots par construction ou par similitude aide à les mémoriser.

Démarche

Cet apprentissage laborieux se fait par un jeu de va-et-vient entre :

  • jeux d’orthographe (en associant des gestes, en s’appuyant sur les mouvements des lèvres…)
  • manipulation de terminaisons verbales
  • observation et analyse de la construction orthographique des mots en intégral et de leur abréviation…

L’écriture et la lecture associées tout au long de cet apprentissage permettent non seulement de mieux retenir mais aussi de résoudre les problèmes de «signes-miroir». L’utilisation des picots de Coloredo permet également de faire des jeux d’entraînement, ou de produire des écrits au brouillon avec une grande souplesse dans l’autocorrection.

Documents à télécharger

Lexique d’abrégé (source INJA)
Signes d’abrégé (source INJA)
Méthode Évelyne Kommer
Méthode Jean le Reste
Astuces mnémotechniques
Progression braille abrégé et orthographe

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