De simples adaptations pour que voyants et non-voyants puissent jouer ensemble, sans dénaturer le jeu initial, ni dans le mécanisme ni dans l’esthétique.
Les jeux sont classés selon leur principe de base, puis par ordre alphabétique. Il y a les grands classiques (UNO, 1000 bornes, Scrabble, Monopoly, Cluedo…) et les autres, plus ou moins connus. Il y a des jeux pour les plus petits, pour les plus grands, et pour toute la famille.
Vous pouvez retrouver tous ces jeux, ainsi que d’autres, sur le tableau pèle-mêle sur nos pages Pinterest.
Ayez vous aussi le réflexe de partager ! Envoyez vos réalisation à enfant-aveugle@orange.fr pour qu’elles soient publiées sur le site.
Essentiel de l’adaptation
L’idéal : Le jeu, une fois adapté doit permettre de :
- jouer en autonomie, sans dépendre des voyants
- ne pas être trop ralenti ni désavantagé par rapport aux voyants
- s’amuser, sans que la demande de concentration et de repérage ne prenne le pas sur le plaisir
- pouvoir être emporté facilement partout
- trouver facilement des partenaires : jeu connu ou dont les règles sont faciles à expliquer
Le travail d’adaptation
Il consiste entre autres à :
- marquer en braille des textes, en transparent par dessus le texte noir
- marquer tactilement les couleurs, en les remplaçant par des matières, des formes
- délimiter les zones par des traits en reliefs, des bâtonnets de bois, des surfaces tactiles…
- remplacer certains accessoires par leur équivalent tactile ou audio : dé avec points en relief, minuteur à la place du sablier, marqueur de score physique à la place du papier/crayon, jetons tactiles, etc.
- ajouter des supports spécifiques pour le joueur aveugle : rangement du jeu qu’il a en main ou de celui qu’il doit étaler devant lui. Parfois la partie de plastique thermoformée de la boîte du jeu (là où se rangent les éléments) peut être utilisée à cette fin.
Contraintes
- le braille prenant de la place, éviter d’avoir trop de texte (utiliser simplifications, initiales, symboles tactiles, etc.)
- assurer la tenue des éléments (cases délimitées en relief, trous/chevilles, aimants, scratch…)
- penser à repérer le sens de lecture des éléments (haut/bas)
- respecter l’esthétique du jeu, ne pas l’enlaidir
Petits efforts à fournir par les joueurs voyants
- commenter leur action (« je pioche une carte », « je défausse telle carte », « je bouge tel pion de la case x à la case y »)…
- accepter que le plateau de jeu soit touché, ce qui peut provisoirement les gêner dans leur réflexion s’ils ont besoin de fixer les éléments visuellement
- accepter que le rythme du jeu soit ralenti
- rester honnête sans profiter du fait que l’autre ne voit pas pour tricher, même si c’est fortuitement qu’on a vu son jeu (pas assez bien caché parfois)
N.B.
- certains jeux se prêtent mal à l’adaptation mais sont tellement omniprésents qu’il serait frustrant d’en priver l’enfant (ex : Monopoly).
- les enfants progressent vite, et avec l’entraînement ils maîtrisent de mieux en mieux un jeu donné. Difficile de se baser sur leur capacité présente à jouer à tel ou tel jeu. Il vaut mieux se baser sur leur envie, et sur l’avis d’enfants aveugles plus âgés.
Les jeux de cartes
Pour qu’un jeu de carte fonctionne en version adaptée, il faut :
- qu’il y ait suffisamment peu de texte sur la carte pour tenir en braille, ou que seulement quelques cartes fassent l’objet d’un livret de textes à part
- qu’il n’y ait pas trop de cartes étalées sur la table (ex : Rami)
- qu’il n’y ait pas trop de cartes à tenir/classer en main
Les cartes, une fois marquées en braille, deviennent trop volumineuses pour tenir dans la boîte et le sabot d’origine :
- fabriquer une nouvelle boîte
- utiliser un sabot pioche/défausse plus haut
Il est difficile aux joueurs les plus jeunes de manipuler leur jeu tout en le cachant aux voyants :
- fabriquer un cache-cartes
Sabot pioche/défausse
fabriqué par Christine H.


- Coller dos à dos 2 boîtes sans couvercles de la taille des cartes et d’une hauteur supérieure au paquet, soit fabriquées en carton, soit récupérées (barquettes alimentaires, mini-boîtes cadeaux…)
- Couper une ouverture de chaque côté, jusqu’en bas, en laissant 2 cm de bords
- Peindre ou recouvrir de papier (Vénilia, serviette collée, papier peint…)
- Renforcer les bords
- Coller au fond de la feutrine ou une carte du jeu (la règle, la présentation…)
- Option : Coller les indications en noir + braille « pioche » et « défausse », soit sur le fond, à l’endroit où l’on pioche, soit sur les bords
Cache-cartes
fabriqué par Fanny P.


- haut : 40 cm x 20 cm (pliable en 20 cm x 20 cm)
- fond : 40 cm x 5 cm (pliable en 20 cm x 5 cm)
- côtés : 5 cm x 20 cm x 11 cm x 21 cm
- 2 trous sur fond et 1 trou par côté pour passage d’un lacet à nouer
Matériel et fournitures
www.ct-magnet.com
www.peinture-aimant.com
www.panduro.fr
www.10doigts.fr
Amarrer
Pour que les éléments d’un jeu ne se désorganisent pas au premier tâtonnement, plusieurs solutions pour les « amarrer » :
- des trous et des chevilles






- matériel pour aimanter


Bandes adhésives de caoutchouc aimanté, papier aimanté pour imprimantes, peinture métallique (transforme un mur ordinaire en mur sur lequel adhérent les aimants, comme une porte de réfrigérateur), feuilles magnétiques en caoutchouc…


Le jour de passage des encombrants, récupérez les bandes de caoutchouc aimanté des portes de réfrigérateur. Munoissez-vous d’un tournevis cruciforme avant d’arpenter les trottoirs !
- matériel pour rendre métallique


Des rondelles en métal, des pastilles métallisées autocollantes…


- du scratch (velcro mâle et femelle) : désagréable au toucher, agrippe tout se qui passe, récolte des saletés… franchement, on peut faire mieux !


Souligner
La première solution pour rendre perceptible au toucher les différentes zones d’un plateau de jeu est d’en souligner les contours.
- coller un « trait » adhésif
À l’aide de papier adhésif et d’un cutter double-lame (2 lames parallèles) qui coupe de fines lignes.


- repasser à la peinture 3D
Feutres à points relief, peinture 3D (y compris pour tissus), cerne de plomb…


- coller des objets/lignes
- allumettes géantes
- piques à brochettes
- bambou (récupérer de sets de tables)


Pour les traits courbes, utiliser de la ficelle ou des spaghettis cuits qui, une fois collés, sèchent en prenant la forme voulue.
Donner une texture
- ajouter des matières
Feutrine, velours, papier de verre, mousse… tout ce qui donne un relief particulier peut faire l’affaire.


- strier
Le plastique strié avec un cutter prend une texture très différente


- transformer
On peut créer soi-même sa propre surface avec un onduleur à papier ou avec des feuilles en aluminium à repousser


- coller
De la semoule, des perles de rocailles, des plumes, du sable…
Marquer en braille
Il y a souvent très peu de place pour marquer les éléments de jeux en braille. Pour optimiser cette place, quelques astuces :
- marquer à la tablette
Il est préférable de marquer les cartes directement à la tablette plutôt que :
- à la Perkins, qui fait perdre énormément de place de tous côtés
- en collant des étiquettes adhésives, qui coûtent cher, font augmenter considérablement l’épaisseur des cartes et les empêchent de rentrer dans des mélangeurs automatiques (seul avantage : l’adhésif ne permet pas aux adversaires de tricher en lisant les cartes au verso)
- opter pour une tablette japonaise


Sur la largeur d’une carte à jouer de format standard, on case 2 lettres braille de plus qu’avec une tablette ordinaire.
- passer au braille abrégé
Dès que l’enfant connaît le braille abrégé les possibilités de marquage de jeu sont bien plus grandes. Un jeu de Taboo par ex., ne peut être adapté directement sur les cartes originales qu’en braille abrégé.


Faciliter le classement
Dans certains jeux le choix des cartes ou des pièces dans un ensemble peut vite devenir fastidieux.
Pour aider au classement, on peut récupérer une boîte adéquate ou en créer une.


Il est parfois utile de créer un support pour le positionnement des cartes/pièces sur la table.

