Témoignages

Je ne sais pas si je transpose de façon adéquate son mode de pensée, je sais simplement qu’elle ne hiérarchise en aucun cas les stimulis extérieurs. De ce fait, un rayon de soleil, une odeur ou une voix sont des choses d’une importance égale pour elle. De même, ses fonctions sociales étant déficitaires, aura-t-elle infiniment de mal à comprendre les mimiques faciales, et le sens caché des mots ou expressions ».

La parole à cette petite fille :

« Jean mon instituteur arrive il passe devant moi il bouche tout d’un coup la lumière il se met juste derrière moi son pull est doux il sent très mauvais la cigarette ses chaussures font crouic crouic il dit prend ton stylo il me touche je n’aime pas et souligne les verbes dans le texte Aschref rigole à côté je ne sais pas pourquoi le maître a une grosse voix j’entends le néon qui claque la lumière vacille la règle de Caroline brille quand elle la fait jouer avec le soleil je sens quelque chose dans mon estomac je ne sais pas ce que ferai après ma trousse fait ploc en tombant j’attends que la sonnerie sonne je sais que c’est bientôt je l’attends pour ne pas être surprise le maître a crié allez au travail je ne sais pas à qui il parle le vent fait du bruit sur la vitre ça sent mauvais dans la classe le maître est devant moi il a deux traits entre les deux yeux ça fait le chiffre onze son visage est rigolo et il parle fort alors je ris il crie je ne sais pas ce qu’il veut je gribouille ma feuille comme les autres enfants de la classe en ce moment il parle très vite il fait du bruit je l’imite je ne comprends pas il me dit mais qu’est ce que tu as derrière la tête L. je touche derrière ma tête et derrière ma tête il y a des cheveux je lui dis j’ai des cheveux il souffle très fort par la bouche pour faire du vent c’est drôle et je fais pareil il ferme les yeux et dit L. va t’asseoir au pied du mur je vais le long du mur et je ne trouve pas les pieds c’est très inquiétant je fais le tour de la classe je cherche je suis très inquiète il m’a dit de trouver les pieds du mur et je ne les trouve pas je commence à faire mon geste habituel qui m’aide à faire baisser mon inquiétude je m’appuie dans l’œil en bougeant les doigts le maître m’attrape par le bras les enfants bougent beaucoup dans la salle je n’aime pas ça je crie je reprends mon bras j’ouvre la porte et je descends les escaliers et je vais aux cabinets ils sont tout blancs il n’y a personne il n’y a pas de bruit et quand je parle ça résonne j’aime bien le bruit de la serrure quand je la ferme je suis bien je regarde ma montre dans 10 secondes ça va sonner ça sonne j’aime bien quand ce qui est prévu arrive je suis bien c’est la récréation je reste aux toilettes il y a moins de bruit je n’aime pas jouer avec les enfants je ne comprends pas ce qu’il font certains se tapent tous crient et bougent j’ai fait pareil dans la classe le maître a dit ce n’est pas bien il faut te défouler à la récré je ne sais pas ce que c’est se défouler en récréation les enfants disent qu’ils font semblant je ne sais pas ce que c’est en récréation rien n’est prévu ça ne se passe jamais pareil c’est très inquiétant maintenant la récréation est terminée je peux sortir des cabinets la porte met 5 secondes à se fermer quand je la laisse et 1 seconde quand je la pousse fort.

On sait que les autistes pensent en image. Quand l’autisme se conjugue avec cécité ou très basse vision, c’est alors le principal moyen de compensation des autistes qui est lésé ou qui n’existe pas. Compenser cette double atteinte est donc indispensable, et peu de solutions existent.

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