Théorie

Généralités sur le langage des gestes.

Pourquoi apprendre la gestuelle sociale aux enfants aveugles ?

  • Parce que nos gestes influencent beaucoup le jugement des autres sur nous.
    Nos gestes sont aussi l’image que nous laissons de nous, ils traduisent les non-dits, trahissent nos émotions, sont le reflet de vérités qui contredisent parfois nos paroles.
    Les gestes, postures et attitudes des personnes aveugles seront ressentis ainsi par leurs interlocuteurs. De plus, on a tendance à observer d’avantage une personne aveugle, parce qu’on a l’impression que la fixer ne la gênera pas, et parce qu’on guette ces signes qui aident à la compréhension du discours : une mimique, un hochement de tête, voire (inconsciemment) un regard.
  • Parce que peu de gestes sont innés, et que c’est un mode de communication avant tout visuel
    Une personne aveugle (précocement) :
    • n’a pas eu l’occasion d’imiter des gestes appris pour la plupart en même temps que la langue
    • n’a que peu ou pas de retour sur les gestes qu’elle fait
    • est peu consciente de ceux que font les autres
    • doit se concentrer pour suivre une conversation, isoler les voix du contexte sonore ambiant
    • ne sait pas quels obstacles (objets ou humains) se trouveront sur le chemin de ses mouvements
  • pour trouver une alternative aux gestes stéréotypés (blindisme) et éviter les jugements faussés
    Il résulte des points ci-dessus une attitude plutôt statique avec parfois, puisque tout le monde à besoin de bouger, des gestes répétitifs, pour s’occuper le corps, se défouler, se rassurer : c’est ce que l’on appelle « blindisme » ou « gestes stéréotypés ». Les plus fréquents : balancement, tournoiement, sautillement…
    Des gestes pour soi, qui donnent une fausse image d’intraverti, des gestes socialement bizarres, qui font penser à d’autres handicaps.

Comment faire ?

  • donner à l’enfant la conscience de son corps et de l’existence des gestes comme signifiant quelque chose
    • jouer à des jeux (Jacques a dit, Jean petit qui danse…) qui permettent de connaître les différentes parties du corps, et les positions (assis, à genoux, debout, à plat-ventre, etc…)
    • faire prendre conscience à l’enfant de ses attitudes corporelles (demander à l’improviste « où sont tes mains ? », « dans quelle position es-tu ? »…)
    • signaler à l’enfant quand soi-même ou une personne autour fait un geste
  • lui proposer les gestes, qu’il adoptera, ou pas…
    • associer toujours le même mot ou la même expression à un geste, pour créer un réflexe conditionné
    • lui expliquer le geste avec des mots, et en guidant ses mouvements s’il est d’accord
    • lui donner aussi souvent que possible un retour quand il fait un geste, lui montrer qu’on a remarqué, compris, apprécié…
  • et bien sûr pour cela : répertorier les gestes et leur signification
    Vous en trouverez en cliquant sur les rubriques ci-contre. Merci de nous aider à compléter en envoyant vos idées via le formulaire de contact.

Un peu de théorie…

  • signification générale des postures et gestes
    • Les postures
  • L’extension : domination, quant-à-soi.
  • La contraction : soumission
  • Vers l’avant : partage, ouverture aux autres.
  • Vers l’arrière : fuite, crainte, rupture, fermeture
    • Les gestes. L’amplitude et la diversité partent des déplacements du coude. Il décide des éléments suivants :
    • dimension : fonction de la distance entre l’orateur et son public. Un geste large sera mieux perçu.
    • contraste : pour éviter la monotonie lassante, faire ressortir les expressions les unes par rapport aux autres, les gestes doivent être différents.
    • hauteur : les gestes hauts, au-dessus du coude, ou montants, sont généralement positifs : joie, ouverture, volonté, optimisme, combativité… Les gestes bas sont connotés négativement : faiblesse, refus, doute, tristesse, lassitude, soumission…
    • extériorisation : mieux vaut aller jusqu’au bout du geste ; les gestes non retenus, assumés et francs traduisent mieux la sincérité, la volonté de communiquer ; ils doivent aller vers l’autre sans toutefois paraître agressifs.
  • classification de la gestuelle
    Un geste peut être :
    • appui du discours verbal
    • bâton : accentue ou donne de l’emphase
    • idéographe : exprime une pensée. Ex : moue
    • déictique, pointeur : montre du doigt, compte
    • spatial : figure une relation spatiale. Ex : côte à côte
    • rythmique, de ponctuation ou de scansion : lassant si répétitif, l’uniformité nuit à l’écoute, c’est un « bruit kinésique »
    • régulateur : caractérise l’écoute, accompagne la parole de l’autre. Ex : hochement de tête
    • kinétographe : mime une action, avec tout le corps. Ex : voler ou ramper
    • pictographe : dessine un objet dans l’espace
    • emblématique : symbolique culturelle. Ex : au revoir, non
    • quantifiant : indique la dimension, la grandeur
    • adaptateurs : self-adaptateurs (gestes d’autocontact), adaptateurs objets (manipulation), hétéro-adaptateurs (toucher l’autre).
  • contrôle des gestes ou mimiques
    • gestes autonomes : non maîtrisables. Ex : claquement de dent
    • mouvements de pieds et de jambes : difficilement contrôlables, surtout assis (les jambes et les pieds sont considérés comme la partie la plus sincère du corps)
    • mouvements du buste : traduisent les comportements instinctifs d’approche et d’évitement, difficiles à contenir. Ex : avancées, reculs, « haut-le-corps »
    • gestes non codés : perçus comme plus involontaires : lapsus gestuel, hésitation…
    • mouvements des mains et des bras : facilement maîtrisables avec entraînement
    • mimiques : se contrôlent tant que les émotions ne sont pas trop fortes.

Les émotions

Les six émotions principales du visage sont la joie, la surprise, le dégoût, la tristesse, la peur et la colère. Elles entraînent des mouvements particuliers des yeux, des sourcils, des paupières, du front, des joues, de la bouche, des narines et du menton. Ex : les yeux s’écarquillent de surprise, les sourcils se froncent de contrariété, les lèvres se pincent de dégoût.

1 réflexion sur “Théorie”

  1. Bonjour
    J’écris actuellement un deuxième roman dont le personnage principal né aveugle. Merci pour ces indications dont je me servirai bientôt.

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