L’ouïe

Développement auditif

Pour un enfant aveugle, l’écoute est primordiale. On pense souvent que parce que l’enfant est aveugle sa sensibilité va se développer. C’est faux. Souvent, c’est même l’inverse qui se produit. Comme ils ne peuvent pas voir ce qu’ils entendent pour savoir d’où vient le son, certains enfants se désintéressent des sons qui les entourent ou alors ils s’y intéressent tellement qu’ils sont déconcentrés par n’importe quel bruit.

Avec de l’aide, un enfant aveugle peut apprendre à écouter différemment ; il doit développer sa capacité d’écoute de façon à reconnaître tous les sons. S’il y a trop de sons qu’il ne connaît pas, il risque de renoncer à identifier ce qu’il entend.

Il y a des compétences à acquérir :

  • Identification
  • Interprétation
  • Localisation
  • Écholocation

Il n’est pas suffisant d’identifier un son venant par exemple d’une voiture ; l’enfant doit aussi interpréter le son et comprendre qu’il y a une route, la localiser.

Parce qu’un bon contrôle de la tête et une bonne posture assise sont importants pour lire le braille avec aisance, il est aussi important de réussir à attraper un objet sur la base d’indices sonores.

Pour exercer le sens de l’ouïe, inspirez-vous des idées de matériel, d’activités à pratiquer en groupe, de jeux de société liés aux sons et envoyez-nous les vôtres !

Identifier les sons

Exemples d’activités

  • Commenter tout ce que l’on fait
  • Écouter les bruits familiers de la cuisine. Expliquer quel bruit cela fait quand on verse, remue, coupe… Aider à identifier les bruits des légumes que l’on coupe, le bouillonnement de l’eau, laisser deviner que l’on fait de la friture…
  • Faire comprendre les dangers de la cuisine : l’eau qui boue, le lait qui déborde, le gaz oublié, les projections de graisse ….
  • Faire deviner ce que l’on fait : mélanger de la pâte, verser de l’eau, mettre son manteau, utiliser une machine à coudre…
  • Faire deviner ce que l’on tape avec une cuillère : une assiette, un verre, une table, une boîte de conserve, une bouilloire, un radiateur…
  • Faire reconnaître les bruits de différents ingrédients dans une boîte : riz, sable, boutons, bouchons de bouteille, polystyrène, cailloux…
  • Collectionner des coquillages et écouter la mer à l’intérieur
  • Trouver de petites pièces de métal, plastique, bois, papier, feutre, tuyau et faire découvrir les bruits faits en les secouant, grattant, tapant, frottant…
  • Enregistrer des sons et les faire ensuite identifier sous forme de jeux : cassette des bruits de la cuisine, cassette des bruits du jardin, cassette des bruits de la rue, cassette des bruits du salon…
  • Enregistrer les séquences sous forme d’histoire. Exemple : l’histoire du père qui revient du travail = une voiture qui s’arrête, une porte qui claque, une clé dans la serrure et la porte qui s’ouvre. Montrer les différences de bruit de fonds entre les enregistrements de la rue et ceux de la maison.
  • Faire écouter des sons d’animaux. Il existe par exemple des cassettes audio de chants d’oiseaux. On peut aussi attirer les oiseaux du jardin en mettant un nichoir, du pain sur le rebord de la fenêtre…
  • Jouer à « Jacques a dit » en demandant de reproduire le ton, volume, rythme, profondeur de la voix.
  • Faire reconnaître le maximum de sons de moteurs : voiture, camion, moto …
  • Emmener l’enfant dans les transports publics pour commencer à lui en donner l’habitude. Il est parfois tentant de rester à la maison quand il fait mauvais mais les sons sont différents et votre enfant aura besoin d’interpréter les sons quelles que soient les conditions climatiques.
  • Sortir se promener pour écouter. Vous pouvez encourager votre enfant à utiliser les indices donnés par son odorat : le gazon fraîchement coupé, l’eau de pluie, le côté salé du vent marin…

Interpréter les sons

Exemples d’activités

  • Sortir la poubelle avec l’enfant. Écouter passer le camion à ordures. Lui faire remarquer que les poubelles ne font pas le même bruit quand elles sont pleines que quand elles sont vides. Écouter le camion redémarrer une fois que les poubelles sont vides. Après quelques fois, l’enfant aura compris l’enchaînement des sons et des tâches.
  • Faire écouter les pas d’une personne. Deviner si c’est une femme ou un homme (les hommes ont en général une démarche plus lourde, plus longue, ils ont souvent des pièces et/clés dans leurs poches…). Certaines femmes portent des talons, les jupes font un bruit particulier en marchant…. L’enfant pourra aussi reconnaître les pas des gens qui lui sont familiers.
  • Trouver dans la maison les sons particuliers qui aident à s’orienter : horloge, aération, réfrigérateur…Les sons des couverts que l’on débarrasse indiquent la cuisine, le son de la chasse d’eau indique les toilettes, l’eau qui coule peut indiquer la salle de bain, une télévision sera très probablement dans le salon…
  • Jouer à reconnaître les voix des personnes familières
  • Faire identifier les humeurs au ton de la voix : dire « viens me voir » avec un ton gai, triste, amical, en colère, préoccupé… Deviner l’humeur d’un acteur de film…
  • Faire écouter, reconnaître et imiter les différents accents, en expliquant toutefois que cela peut être impoli de le faire en présence de la personne imitée

Localiser les sons

Exemples d’activités

À moins que l’enfant n’ait une acuité auditive insuffisante, il doit pouvoir localiser un son continu ou une voix.

  • Placer une alarme sur le sol avec un jouet juste à côté. Demander à l’enfant de démarrer de l’autre côté de la pièce et de se diriger vers le son pour trouver le jouet. Répéter de nombreuses fois en coupant l’alarme de plus en plus tôt pour apprendre à l’enfant à localiser un son de plus en plus vite et à se diriger vers lui
  • Demander à l’enfant de vous suivre à la voix à partir de différents endroits d’une pièce. Lorsque il est assis au milieu d’une pièce, se déplacer doucement et taper dans les mains, lui demander où vous êtes (devant, derrière, sur la gauche,…), près de quoi vous êtes (à la porte, à côté de…), lui demander de pointer son doigt dans votre direction, de se lever et de venir vous rejoindre
  • Jouer à la chasse au trésor. Faire toutes sortes de bruits (taper sur un tambour, frotter 2 cuillères, claquer des doigts…) alors que l’enfant essaie de trouver par exemple un réveil dont il doit empêcher l’alarme de sonner
  • Jouer à la balle à clochettes en se l’envoyant l’un après l’autre
  • Demander à l’enfant de trouver la caisse, les surgelés… au supermarché. Les changements de température peuvent aider. On peut jouer aussi à reconnaître les rayons légumes, fruits, la boulangerie, les rayons poissons, viande, fromages…

Pratiquer l’écholocation

Exemples d’activités

L’echolocation est la compétence que développe un enfant aveugle, elle permet de repérer un obstacle avant de se cogner.
Certains enfants développent cette compétence naturellement.
Si vous fermez vos yeux et marchez vers un mur, quand vous vous en approchez, vous pouvez ressentir une certaine pression sur votre visage, vous indiquant que vous êtes près du mur. On l’a appelé « le sixième sens » des aveugles. En fait, les recherches ont démontré qu’il s’agit d’un sens lié à l’audition.
Un enfant aveugle peut percevoir la différence quand il rentre dans une pièce. Les sons autour de lui sont renvoyés par les murs. Ainsi, la plupart des enfants aveugles peuvent marcher dans un couloir sans toucher les murs, et ceci grâce à l’écho.
Beaucoup d’enfants aveugles font du bruit pour faire de l’écho sans vraiment réaliser pourquoi ils le font.
La clé pour améliorer cette technique est d’en faire un jeu pour que l’enfant prenne conscience du phénomène et apprenne à l’utiliser sciemment :

  • Marcher vers un immeuble en s’arrêtant pour claquer dans les mains tous les quelques pas
    • à 100 m., on entendra un click une demie seconde environ après avoir tapé dans les mains
    • en se rapprochant, le click intervient plus rapidement
    • à environ 40 m., on ne peut plus entendre de click séparé mais on a une impression de résonance.
    • à 10 m., le son renvoyé est plus étouffé
    • à 2 m., c’est encore différent
  • Combiner identification, interprétation, localisation et écholocation
    • écouter les bruits de voiture. À partir d’un son de voiture qui s’arrête, l’enfant évaluera la distance qui le sépare de la route. Une voiture tournant donnera par exemple une indication sur la présence d’un trottoir
    • écouter les changements de vitesse (ralentissement, côte).
    • écouter les bus ralentir pour localiser l’arrêt de bus
    • identifier les routes chargées et les routes non chargées. Les bus roulent en général sur les routes chargées
  • Aider l’enfant à utiliser l’ombre sonore. Quand on attend derrière un arrêt de bus, le bruit fait par la circulation semble étouffé car la vitre de l’abri agit comme une barrière pour les ondes sonores. Avec de la pratique, cette méthode peut être utilisée pour détecter par exemple un camion garé
  • Demander à son enfant quand on traverse la route si il pense que l’on peut traverser. C’est une compétence qui demande l’aide d’un instructeur en locomotion
  • Identifier dans un espace ouvert les échos et lui demander s’il peut dire quand on passe par exemple devant l’entrée du supermarché, devant un auvent… Avec des enfants entraînés, on pourra essayer de détecter quand on passe à côté d’un lampadaire.

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