Mode d’apprentissage

La plupart des accès au savoir et des apprentissages demandés à l’école se font chez ces enfants de manière inconsciente grâce à leur capacité de logique et d’analyse. Ils ne savent donc pas qu’ils peuvent apprendre : si ce n’est pas évident et instantané, c’est impossible ! Ils ne ressentent la nécessité d’apprendre que lorsqu’ils tombent sur une vraie difficulté. Modalités cognitives et logiques sont différentes, avec surtout un rejet de la répétition et du par cœur.

La répétition

Rejet de tout acte répétitif, réfraction à l’entraînement et à l’exercice répété, redites insupportables… Pour un exercice refait, le résultat sera pire la seconde fois

  • Faute de pouvoir faire observer et d’imiter, la répétition est perçue comme un moyen pratique d’apprentissage aux enfants aveugles, pour les gestes du quotidien comme pour les notions scolaires.
  • L’enseignement nécessite, afin de créer des mécanismes et permettre une assimilation durable, certaines répétitions ; il faut ruser, trouver différentes voies pour aborder les mêmes notions mais sans lasser, déjouer la résistance à toute approche séquentielle, linéaire, systématique. Or, en braille, il y a très peu de supports innovants et variés ; en créer demande énormément de temps, d’énergie et de motivation.

L’organisation de la pensée

  • Chez les enfants intellectuellement précoces le cerveau droit domine : traitement des tâches global, visuel, analogique, simultané, intuitif… alors que la cécité impose une sollicitation plus grande du cerveau gauche : la lecture en braille est séquentielle, le traitement des informations est auditif et verbal, les tâches demandent à être décomposées dans un ordre logique et rationnel pour être expliquées et comprises.

L’hypersensibilité à l’échec

  • Hypersensibilité à l’échec, refuge dans des attitudes d’évitement et de refus…, l’enfant a du mal à prendre conscience que le succès n’est pas forcément immédiat, que la persévérance et le droit de ne pas réussir sont les clés de l’apprentissage. Ayant toujours absorbé les connaissances sans aucun travail d’élaboration, ignorant comment il fait, comment il a fait, comment il fallait faire… Il en résulte un fonctionnement en tout ou rien : il sait ou il ne sait pas. C’est tout. Souvent il n’accepte d’entreprendre que ce qu’il est sûr de réussir.
    Or, la cécité multiplie les occasions de se trouver en échec, dans une activité ou par rapport aux autres.

Le goût de travailler seul, le non-conformisme

  • Remettre en cause les méthodes d’enseignement, se dresser contre les préventions sociales, raisonner et argumenter pour s’opposer et refuser les consignes… combinée avec la cécité et le refus de la dépendance, cette attitude rebelle est-elle un obstacle ou un atout pour l’acquisition de l’autonomie ?

Le besoin vital de sens en tout domaine

  • Les méthodes et les manuels classiques d’apprentissages du braille sont rébarbatifs, répétitifs et pauvres de sens, d’un grand ennui. Il est aussi plus difficile de raccrocher des concepts à la réalité sans l’appui du visuel.

L’absence de notion d’effort, de travail

  • Le manque de méthode de travail, le défaut de planification et la lenteur exécutive, les difficultés à gérer le matériel au quotidien, la répugnance à utiliser la mémoire plutôt qu’à faire l’effort de fixation nécessaire, sont d’autant plus handicapants quand l’enfant est aveugle et n’a aucun repère visuel pour retrouver ses affaires et assurer la continuité de son activité.

Les activités extrascolaires

  • Un programme d’activités extrascolaires, composé en fonction des centres d’intérêt et des goûts, peut apporter une aide précieuse dans la recherche de l’équilibre. Pour un enfant aveugle, des activités sportives ou de loisirs bien choisies contribuent à sa «rééducation», et lui permettent d’avoir des copains voyants. Mais son emploi du temps est déjà très chargé. On a tendance à l’en plaindre, à plaider pour lui le droit d’avoir du temps pour rêver, voire pour s’ennuyer, l’ennui étant sensé générer la créativité.
    Les enfants intellectuellement précoces, en demande permanente, sont source d’épuisement pour leur entourage. Les parents d’un enfant aveugle ont le choix entre plusieurs attitudes : le laisser s’ennuyer en se disant que c’est dû à la cécité, que c’est inéluctable, répondre à ses sollicitations, au risque de se faire reprocher de le surstimuler ou de s’épuiser, rechercher pour lui des activités de loisir, ce qui demande aussi un effort de conviction vis à vis des clubs accueillants.
  • Certains enfants peuvent avoir plusieurs pôles d’excellence : création et intellect, ou sport et intellect… mais qu’advient-il quand la cécité limite les possibilités ? À part en musique, quelles occasions ont-ils d’exprimer leurs aptitudes ?

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